Reprendre une entreprise en difficulté : bonne idée ?

Etre en mesure de relancer une entreprise en crise est un challenge qui attire plusieurs entrepreneurs. Au lieu de créer une nouvelle entité et d’en assumer son entrée dans un marché très concurrentiel, on reprend une société en difficulté au moindre frais et on la remet sur les rails. En France et malgré la baisse du nombre des entreprises placées en redressement ou liquidation judiciaire (54818 sociétés en octobre 2017 soit une baisse de 7.4% par rapport à octobre 2016), les opportunités d’investissement dans ces sociétés ne manquent pas. Alors, est-ce réellement une bonne idée ? Quel est le rapport avantages/risques d’une telle opération ?

Comment reprendre une entreprise en difficulté ?

Qui a dit que le malheur des uns ne pourrait pas faire le bonheur des autres ? En effet, les sociétés en faillite présentent souvent une aubaine ceux qui savent les relancer au point d’en tirer profit. Les exemples ne manquent pas : on se rappelle bien du groupe pharmaceutique Cooper, racheté par Caravelle après avoir déposé le bilan en 2000 pour que sa valeur touche aujourd’hui plus que 700 millions d’euros. Généralement, pour reprendre une entreprise en difficulté, il faut passer voir du coté des sociétés placées en redressement ou en liquidation judiciaire.

Procédure collective de reprise d’entreprise

Une fois que l’entreprise est déposée son bilan, c’est au tour du tribunal de commerce de jouer. Le juge optera pour l’une des deux solutions : soit il ouvre une procédure de redressement et il nomme un administrateur judiciaire, soit la liquidation judiciaire et il nomme un liquidateur pour suivre l’affaire. C’est là que tout repreneur doit préparer son dossier et faire son offre selon les modalités suivantes :

  • Cas de redressement judiciaire : Depuis cette date, l’entreprise est placée en période d’observation durant laquelle elle est éligible à la réception des offres de cession ou de reprise. Le candidat doit évaluer la situation et présenter son projet avant la date de fin d’observation, déterminée par l’administrateur judiciaire.
  • Cas de liquidation judiciaire : Le candidat a sa disposition deux dates, fixées par le liquidateur, pour présenter son offre de reprise.

Le futur repreneur doit déposer son offre au greffe du tribunal de commerce et attendre sa décision. Il pourra, en effet, candidater pour l’une de ces deux formules :

  • Reprise de l’intégralité de l’entreprise : Le nouvel acquéreur reprend et l’actif de l’entreprise et son passif, c’est-à-dire ses créances, dettes et emprunts. Pour éviter les éventuels risques, une évaluation de la santé financière de l’entreprise est nécessaire.
  • Reprise de l’actif de l’entreprise : Le repreneur rachète uniquement les actifs, c’est-à-dire les murs, stocks, moyens de production, fonds de commerce sans reprendre le passif de la société pour sécuriser ses arrières.

 

Les avantages de la reprise d’une entreprise en difficulté

 

Reprendre une entreprise en difficulté est synonyme de plusieurs avantages au profil du repreneur :

  • En passant par la barre du tribunal, la reprise serait forcément moins chère que la création d’une nouvelle entreprise.
  • Les nouveaux propriétaires repartiront de zéro sans reprendre le passif de l’entreprise, tout en ayant acquis un actif prêt à la production au moindre coût. La structure, étant déjà créée, ne fait que faciliter le démarrage de l’activité (système informatique, salariés, etc.).
  • Autre que les moyens de production et stocks repris, le repreneur aura une base de clientèle, de contacts et de fournisseurs déjà prête. Ceci réduit les dépenses en marketing pour attirer de nouveaux prospects. Ceci dit qu’il faut rester vigilant, car la reprise ne veut pas dire le retour immédiat des clients : le mythique Dôme Montparnasse, restaurant parisien, a du patienter des mois pour retrouver sa clientèle après son placement en redressement judiciaire en novembre 2016.
  • En ayant convaincu le tribunal de son projet, le repreneur rétablit la confiance avec les banques et différents partenaires financiers de l’entreprise pour des éventuels financements.
  • La reprise d’une entreprise en difficulté ouvre à plusieurs aides publiques et prise en charge des coûts sociaux.
  • Avec le plan de maintien de l’emploi, proposé au tribunal, le repreneur aura garanti la motivation de ses employés pour améliorer leur productivité.

En général,  un entrepreneur a plus de chances de réussir en rachetant une entreprise qu’en créant une nouvelle entité. Cependant, il doit rester attentif, car il y a tout de même certains pièges à devoir éviter.

 

Les risques du rachat d’une société en difficulté

Dans la majorité des cas de reprise, les vrais risques sont à prévoir dans la phase de l’analyse du projet en lui-même. Pour éviter les mauvaises surprises, il est judicieux de se poser la question : pourquoi le propriétaire veut vendre son entreprise ? Le repreneur doit s’assurer de la fiabilité de la réponse. Ainsi, il est recommandé de se faire accompagner par des experts qui connaissent le secteur d’activité de l’entreprise en question pour analyser les différents éléments financiers de l’opération.

Après la signature des contrats, le repreneur doit penser aux risques liés à la relance de l’activité. Il faut du temps pour que la sauce prenne forme. Le principal risque à ce sujet est l’adaptation des employés aux nouvelles méthodes de gestion, notamment sur le plan social : une entreprise en relance de son activité procédera généralement à des baisses de rémunération tout en augmentation les heures de travail. Il faut être clair et direct avec le personnel pour garantir leur coopération.